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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 23:22

 

Me voici à Potosi, ville la plus haute du monde (4 060 mètres d'altitude), j'y arrive à 5h30 du matin, et trouve un hôtel où quelqu'un me répond vers 6 heures. Aie, pas de chambre avant 9 heures. L'attente a été un peu longue, surtout de 6 à 8 heures où je n'ai rien pu trouver d'ouvert. J'ai au moins pu visiter la ville dans le calme !

 

J'ai pu assister l'été dernier à une exposition sur Potosi au musée Reina Sofia de Madrid et j'avais vraiment envie de voir cette ville de près, notamment parce que l'on peut y réaliser un véritable voyage au centre de la terre en visitant une mine !

 

La ville de Potosi est connue pour ses mines, situées sur la montagne du Cerro Rico, lourdement exploitée depuis 1545 par les conquistadors espagnols. La ville a connu son age d'or au XVIIème siècle où elle comptait 160 000 habitants, contre 140 000 aujourd'hui. Certaines veines latérales sont toujours riches de minerais, l'industrie minière est la première de la région.

 

Après un arrêt au marché où l'on achète différents cadeaux qui seront offerts aux mineurs durant la visite (boisson, feuilles de coca, dynamite),

 

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le guide explique les différents processus de séparation des minerais (argent, zinc, plomb) des déchets.

 

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Puis c'est la montée à la mine (4 300 mètres d'altitude)

 

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et c'est l'entrée dans la mine,

 

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la hauteur oblige à se courber, voire à, avancer sur les genoux.

 

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le dieu de la mine reçoit de nombreuses offrandes (cigarette, coca, alcool à 96°) 

 

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Les conditions de travail sont incroyables: les chariots sont poussés, remplis et vidés manuellement (à la pelle). Aucun des mineurs croisé ne porte de masque.

 

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Parmi les mineurs rencontré, eux ont 25 et 26 ans, et travaillent depuis 7 ans dans la mine; ils ne profiteront sans doute jamais de leur retraite à 55 ans.

 

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il n'y a pas d'ingénieurs mineurs dans la mine, les soubassements sont donc effectués selon l'expérience des mineurs, il n'y a pas non plus de plan à jour des galeries.

 

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C'est avec un certain soulagement que je rejoins la sortie. J'ai appris que les visites du lendemain ont été annulées pour cause d'effondrements.

 

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10 000 mineurs travaillent dans les mines de Potosi, on déplore 20 à 30 morts par an.

Il n'y a selon le guide pas d'alternative véritable, les hommes ne trouvent pas à Potosi d'autres emplois, mêmes payés au salaire minimum (500 bolivianos, soit 52 euros par mois) et la mine est probablement ce qui rapporte le plus, jusqu'à 100 euros par semaine d'après ce que j'ai pu lire dans la presse.

 

La visite se termine sur une note explosive: le guide fait exploser un peu de dynamite, qui est en vente libre en Bolivie, même les mineurs (d'âge, pas de fonds) peuvent en acheter m'a précisé la vendeuse.

 

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J'ai également visité la « casa real de la moneda », ancienne fabrique de monnaie, reconvertie en musée.

 

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Puis j'ai repris le bus jusqu'à Uyuni. Le trajet est magnifique, et ce malgré l'état de la « piste », il faut presque 6 heures pour parcourir 220 Kms mais le spectacle est incroyable: l'altiplano bolivien est tellement beau, les montagnes sont rouges, et les formations géologiques (empilements de pierres) sont incroyables.

 

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Les prairies sont peuplées de centaines, voire de milliers de lamas et de moutons, plus loin un lac est peuplé de flamands roses !

 

La plupart des maisons sont abandonnées, la Bolivie est touchée par un phénomène d'exode rural, aggravé ces dernières années par les phénomènes climatiques el nino / la nina qui ont conduit à la perte des récoltes de nombreux agriculteurs. La mine rapporte beaucoup plus que l'agriculture !

 

Le spectacle de ce plateau vide d'habitants est en tout cas magique. Un bel avant goût pour la suite de la visite: le salar d'Uyuni et le Sud Lipez, peut être les plus beaux paysages du monde et sans conteste ceux dont j'attends le plus pour ce voyage !

 

 

 

J'ai pu lire pas mal de journaux (6 ou 7) durant mon séjour bolivien, ce qui m'a permis de mieux comprendre la situation économique de l'un des pays les plus pauvres d'Amérique du sud. Pour faire simple (et parce que je n'ai pas la prétention d'être un spécialiste du sujet), de nombreux prix sont fixés par l'état, en particulier celui des carburants et des transports (locaux et nationaux).

 

Les carburants, en grande partie importés, sont vendus à un prix représentant environ 55% du prix réel (cours mondiaux), la différence étant réglée part l'Etat bolivien. En décembre, le gouvernement d'Evo Morales a tenté de ramener les prix au niveau des cours mondiaux, soit une hausse de 80% (la « gazolineza »). Devant la vindicte populaire, il a du y renoncer.

 

Concernant les transports, de nombreux boliviens utilisent quotidiennement des minibus privés pour se déplacer. Lors de mon séjour à Potosi, les transporteurs ont tenté d'afficher une hausse du trajet de 1 à 1.8 boliviano (de 9 à 17 centimes), hausse illégale car non autorisée par l'état. Les transporteurs ont du y renoncer devant les réactions des usagers, un des journaux feuilletés appelait même au blocages des transports, ce qui s'est effectivement produit. Les prix de 1.8 bolivianos affichés le dimanche avaient en tout cas disparus le mardi !

 

Par ailleurs, le gouvernement vend par des entreprises publiques, du sucre, du riz et d'autres denrées de base à des prix inférieurs à ceux du marché et à des prix inférieurs à ceux pratiqués par les entreprises privées qui accusent le gouvernement de concurrence déloyale.

 

Ceci posé, on comprend mieux la politique bolivienne et certaines réactions épidermiques des boliviens : les manifestations et blocages déclenchés par des rumeurs de hausse de prix sont assez fréquents.

 

Vu de France, tout cela paraît un peu incroyable: des prix fixés par l'État, des manifestations monstres de la population en réaction à des hausses de prix, mais ceci est plus compréhensible quand on sait que le salaire minimal est de 55 euros.

D'un point de vue personnel, c'est en tout cas vraiment une chance de lire les journaux, sinon, je n'aurai rien juste rien vu / compris de tout cela.

 

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